Tentative de Synthèse:
Comprendre le TAO, c'est pouvoir l'écrire sans utiliser de signes
(essayez, c'est très intéressant, la seule solution que j'ai trouvée est
de déchirer la feuille).
La
voie de la connaissance n'est pas compréhensible par l'intellect, elle ne
peut être "décrite" avec des mots.
Partant, elle ne peut être "partagée" intellectuellement parlant. "Dire"
quelque chose à propos du Tao est un non-sens (c'est hélas exactement ce
que je fais ici).
Les
noms (mots) sont représentatifs d'une culture, d'un état social dépendant
d'un lieu ou d'une époque, ils ne sont donc pas "universellement"
compréhensibles, leur contenu étant essentiellement "changeant".
Sans
nom (ineffable, transcendant) c'est la "vacuité" bouddhiste, le "vide" qui
contient en puissance toutes les formes qui se "manifestent" dans le monde
et finissent par retourner à la "vacuité". C'est le Yang, ce qui établit
les plans à venir.
Avec
un nom (lorsqu'on connaît "le nom" on peut communiquer) c'est
l'intermédiaire entre le monde "sensible" et la "vacuité", le vide empli
d'énergie ("d'Esprit"). La "vacuité" n'est pas séparée du "monde
manifesté", elle est présente et "soutient" chacun de ses "atomes", mais
on ne peut l'atteindre, seul le "lien" entre vacuité et monde manifesté
est perceptible. Ce lien, c'est le nom. C'est le Yin, ce qui réalise le
plan.
Pourtant, tous deux ne peuvent être séparés, ils sont consubstantiels, car
ils sont l'unique force agissante un peu comme une fréquence d'onde
corpusculaire (la lumière), avec un niveau haut (yang) et un niveau bas
(yin) mais dont on ne peut pas savoir où est exactement situé la particule
(force) d'énergie (c'est le "principe d'incertitude").
Pour
comprendre le TAO, il faut faire taire son ego, faire abstraction de la
somme des préjugés qui constituent notre "personnalité" pour revenir à
l'essence de l'être, la part intangible en chacun de nous qui participe à
"l'élaboration" de l'univers (tout est lié, rien n'est indépendant, le
cosmos fait pression sur nous et nous sur le cosmos) c'est là le non-être.
Car si l'on ôte de soi tout le superflu, l'essentiel seul demeure, et
l'essentiel est la liaison intime, inextricable qui nous relie à
l'ensemble de l'Univers "vivant", "pulsant" la vie & la mort comme les
deux phases indispensables de la compréhension (prendre avec).
L'être représente la "somme" de notre vécu. Morts ou "non nés" nous sommes
dans la "vacuité" où il est impossible de faire l'étude du flux vital.
Dans la "vacuité", il n'y a ni avenir, ni passé, ni même de présent (au
sens commun). Etre signifie faire l'expérience du "devenir", s'imprégner
des "sensations" du "monde manifesté", c'est le vécu en conformité avec
les lois du cosmos qui nous permet d'intégrer "la voie".
Mais
"vacuité" et "monde manifesté" ne sont en réalité pas différents, le
"vide" sous-tend le "cosmos". Sans "vide", celui-ci ne pourrait accéder à
"l'existence", et l'irruption dans le "monde manifesté" est l'unique moyen
qu'a le "vide" de se "comprendre lui-même".
Toute séparation entre "vacuité" et "monde manifesté" est illusoire, l'un
ne peut être compris sans l'autre, c'est comme de vouloir écrire des mots
sans employer de lettres. Etre et non-être, vie et mort ne sont que deux
états transitoires de l'énergie, l'essence de celle-ci n'est pas modifiée,
seule sa "manifestation" est différente.
Comme pour l'énergie "physique", selon le principe de conservation, rien
ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme. Il en va de même pour
l'énergie "spirituelle", mais elle ne "transforme" pas, elle "transmute".
Comprendre la non réalité des phénomènes et accepter de les vivre dans le
monde manifesté pour ce qu'ils sont (c'est à dire des illusions
transitoires mais efficientes).
C'est la perception authentique de la "voie" qui nous mène sans cesse du
non manifesté vers le manifesté sans que cela n'ait jamais réellement lieu
puisque nous sommes en fait à la fois "dans" la vacuité (mais ceci nous ne
le savons que si nous avons pénétré le Tao) et dans le monde (ou nous
sommes possédés par l'illusion de notre individualité qui "objectivement"
n'existe pas).
NB : Si
vous avez lu ce qui précède, vous avez le droit de venir me taper dessus
avec une plume de colibri, lorsque je me serai évaporé, vous aurez
probablement saisi l'essence même du TAO !